top of page

Intervention en conseil de métropole - politique énergétique de Brest métropole

  • Photo du rédacteur: Tristan Foveau
    Tristan Foveau
  • 12 oct. 2022
  • 5 min de lecture

Monsieur le Président,

Chers collègues,


Nous traversons une crise énergétique sans précédent : 50 euros/MWh début 2021, plus de 200 euros fin 2021 pour le seul prix de l’électricité. Un pic jugé exceptionnel à l’époque, mais qui ne représente finalement qu’un épiphénomène à l’échelle d’août dernier puisque le marché s’est complètement affolé et est allé jusqu’à dépasser les 1000 euros/MWh ! Cela a des conséquences sur les entreprises, sur les particuliers et évidemment sur les collectivités.


Néanmoins, dans l’exceptionnel, il est important de distinguer l’inédit de ce qui était anticipable.

  • Ce qui n’est pas nouveau c’est que le prix de l’énergie peut être de façon conjoncturelle fortement volatil. On l’avait constaté avec le pétrole en 2011-2013, avec l’électricité en 2007. Cela peut s’expliquer par des éléments géopolitiques, par le niveau de croissance économique, etc.

  • Ce qui est inédit à l’inverse c’est que nous ressentons les effets structurels liés à la transition énergétique : la pression sur l’usage du charbon, avec report sur le gaz, le prix du quota de C02 en hausse, l’intermittence des énergies renouvelables. Ces effets risquent de peser fortement à l’avenir et il n’est pas certain que nous revenions un jour aux prix tels que nous les connaissions jusqu’en 2021.

  • Mais surtout, nous subissons de plein fouet les effets de la libéralisation croissante des marchés européens de l’énergie : avec la disparition progressive des tarifs régulés, la volatilité du marché peut frapper tous les types de consommateurs et donc également les collectivités.

Face à cela, que faire ?

  • D’abord, acheter mieux : anticiper l’achat, acheter au bon moment et mutualiser les achats. C’est ce que mettons en œuvre dans notre stratégie d’achat sur le marché et qui permet aujourd’hui aux membres de notre groupement de commandes d’être moins impactés que d’autres.

  • Ensuite, déployer une stratégie d’atténuation : en évitant le gaspillage énergétique et en utilisant l’énergie à son juste besoin – les 19°C à Brest sont une réalité depuis longtemps, vous l’avez dit M. le Président.

  • Enfin, en développant les ENR sur notre territoire.

Il est regrettable que certains ne découvrent ces enjeux énergétiques qu’à compter du moment où la facture augmente. Ce n’est pas notre cas. Nous travaillons de longue date à la souveraineté énergétique de notre territoire. Cela a d’ailleurs été reconnu au niveau national grâce à l’obtention d’un label indépendant Citergie qui a démontré notre engagement pour la transition énergétique.


Cette tâche est d’autant plus ardue que nous menons cette bataille dans un contexte qui nous est parfois défavorable en pointe bretonne mais avec lequel nous devons composer : nous sommes en situation de péninsule énergétique (bout de réseau et production propre d’énergie très > à notre conso). Je ne veux pas vous assommer de chiffres mais il faut avoir à l’esprit les ordres de grandeur :


  • en 2020 on produisait en gros 10% de nos besoins en énergie, au sein desquels on assurait près de 19% de nos besoins en électricité.

  • Sachant que nos premiers postes de production électrique « bretonne » c’est l’éolien terrestre (112 parcs, 2 Twh) et l’usine marémotrice de La Rance (1 Twh). Nos besoins c’est plus de 21 Twh.

  • Et pour vous donner un ordre de grandeur, le parc éolien de la baie de Saint Brieuc, qui est prévu pour 2023, devrait injecter 1,8 Twh chaque année

Cette spécificité bretonne pèse forcément sur la manière dont on conçoit nos politiques publiques, qui doivent composer avec d’autres particularités locales :


  • Tenir compte des contraintes du milieu urbain (potentiel limité de développement de l’éolien ou de la méthanisation),

  • Et nous devons tenir compte de contraintes spécifiques : présence d’installations militaires et de radars qui interdisent le développement de l’éolien,


Tout cela ne nous a pas empêché d’avancer et de poursuivre les objectifs qui sont fixés dans notre plan climat dans le cadre de la PPE, de la SNBC et du SRADDET. D’abord grâce à notre principale source centralisée de production d’ENRR, notre réseau de chaleur alimenté à 90% par l’UVED et par la chaufferie bois du Spernot (150 000 MWh/an valorisés) et donc décorrélé des prix du marché : 45 000 MWh gagnés en 10 ans, plus de 25M d’euros d’investissements, plus de 55Km de réseau, un réseau compétitif (l’un des réseaux les moins cher de France d'après AMORCE), financièrement incitatif (d'après la chambre régionale des comptes) et un réseau innovant (avec le miroir des énergies, stockage d’énergie unique en France).


Le raccordement au réseau de chaleur de Brest de nombreux équipements publics permet à la collectivité de maitriser la hausse des coûts énergétiques : aujourd’hui, 27 sites de la Ville et 7 de la métropole en bénéficient, dont 5 piscines et 13 groupes sciolaires, de même que les Capucins, le Rinkla, le parc des expositions de Penfeld.


Nous poursuivons cette dynamique puisque seront bientôt raccordés le Quartz, l’école Jean Macé, le musée des beaux-arts, mais aussi des logements BMH à Quéliverzan, le Lycée Dupuy de Lome ou encore 130 logements avec la résidence étudiante Arpege.


Donc notre réseau de chaleur c’est notre 1er levier. Ensuite nous sommes également ambitieux sur le développement de l’énergie solaire :


  • nous avons créé un cadastre solaire mis à disposition du public et des entreprises, afin que tout un chacun puisse évaluer son potentiel solaire sur sa maison ou son bâtiment,

  • dès 2014, nous avons imposé à l’article 15 de notre PLUi l’obligation d’installer une source de production d’énergie renouvelable pour tout permis de construire de plus de 1500 m2.

  • nous expérimentons depuis 2018 l’achat en circuit court d’électricité renouvelable produite localement et à un prix fixe afin d’éclairer et de chauffer nos bâtiments publics. Ce sont 34 bâtiments de la ville et de la métropole qui sont aujourd’hui alimentés à 60% par l’UVED et par 3 centrales photovoltaïque. Demain, ce seront 5 installations d’ombrières de parking photovoltaïques qui contribueront à la même logique pour une puissance d’1,5 MW au total, qui permettront de couvrir 30% de la consommation d’une quarantaine de bâtiments grand consommateurs à un prix connu pour 20 ans.

La dynamique est désormais visible depuis 2017, selon le rapport d’activités ENEDIS 2021 : 602 installations photovoltaïque pour 5 MW ont été raccordés au réseau public d’électricité dont 24 sites de la ville et de la métropole pour 1,5 MWc installés (dont 12 groupes scolaires)


J’aurais pu citer également ce que nous menons en termes d’effacement des consommations, de flexibilité des réseaux, de smart grid, j’aurais pu évoquer l’action d’Ener’gence, de Tinergie, et de nos opérateurs de la maison communes (BMA, BMH, Brest’aim) etc. etc. Les exemples ne manquent pas mais le temps me fait défaut.


Plus largement, nous participons également à une étude de planification énergétique à l’échelle du pays de Brest. Elle va nous permettre d’évaluer le potentiel de chaque gisement d’énergie renouvelable à l’échelle de notre métropole et du pays, de travailler nos complémentarités en fonction de nos spécificités territoriales avec les autres EPCI du pays et cette étude doit guider nos investissements et notre politique de développement des ENR pour les années à venir.


Vous l’aurez compris, nous sommes pleinement mobilisés sur ce sujet, depuis longtemps, le chemin vers notre pleine souveraineté énergétique est devant nous, il est difficile, mais il existe et nous y consacrerons tous les moyens nécessaires.

Comments


bottom of page