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Réformer notre modèle social : la vision biaisée du RSA de Maël De Calan

  • Photo du rédacteur: Tristan Foveau
    Tristan Foveau
  • 20 févr.
  • 2 min de lecture

Maël de Calan s’est félicité le 6 février dans une tribune au Télégramme de la baisse du nombre d’allocataires du RSA dans le Finistère. Il y oppose une « troisième voie » à deux discours caricaturaux : d’un côté, la victimisation des allocataires, de l’autre, leur stigmatisation comme fraudeurs. Cette tentative de dépassement du débat idéologique pourrait être louable si elle reposait sur une analyse complète des réalités sociales et économiques de notre département. Ce n’est pas le cas.


Derrière l’exercice de communication, une question s’impose : la diminution dans les chiffres est-elle réellement due à un retour massif à l’emploi ou simplement au renforcement des contrôles et aux radiations ?


Un préalable : le RSA n’est pas un privilège. Il est un filet de sécurité pour celles et ceux qui, malgré leurs efforts, ne parviennent pas à s’insérer durablement sur le marché du travail. Or, notre crainte est que la politique menée dans le département repose sur une logique de suspicion, renforcée par l’obligation généralisée des 15 heures d’activité hebdomadaire depuis le 1er janvier.


Le président du Département vante l’embauche de « coach RSA », l’incitation au travail dans les secteurs en tension et un accompagnement plus dynamique. Mais dans les faits, ces dispositifs restent insuffisants. La réalité, c’est que de nombreux bénéficiaires se retrouvent sous pression, pris entre des démarches administratives toujours plus lourdes et la crainte d’une radiation arbitraire, faute de moyens réels pour répondre aux exigences imposées.


Les contrôles renforcés ont indéniablement joué un rôle dans la baisse du nombre d’allocataires. Mais derrière ces chiffres se cachent des radiations pour des documents fournis hors délai, des erreurs administratives ou des rendez-vous manqués faute de moyens de transport. Peut-on vraiment parler de lutte contre la fraude quand des radiations relèvent en réalité d’une exclusion administrative ?


Nous ne nions pas la nécessité d’accompagner vers l’emploi. Mais une politique sociale ne peut être efficace si elle repose uniquement sur la contrainte. Ce n’est pas en multipliant les sanctions et les obligations standardisées que l’on permettra un retour durable à l’emploi.


La vraie réussite de cette politique ne se mesure donc pas aux radiations, mais aux parcours qui permettent une réinsertion réelle et efficace.


Plutôt que de piloter le RSA comme un simple exercice comptable, donnons-nous les moyens d’un accompagnement digne. Renforçons l’accès à la formation, améliorons les dispositifs d’insertion et adaptons les exigences aux réalités des bénéficiaires. C’est ainsi que nous construirons une politique sociale juste, efficace et respectueuse de la dignité de chacun.


La politique sociale ne peut être une stricte affaire de chiffres et de gestion. Elle doit être fondée sur une exigence de justice, d’humanité et de solidarité. C’est cette vision que nous défendons, et c’est celle que nous continuerons à porter contre les seules logiques de contrôle qui fragilisent les plus vulnérables.


Car derrière chaque chiffre, il y a des femmes et des hommes qui tentent de s’en sortir, qui aspirent à une vie meilleure et qui méritent notre soutien. Les politiques publiques doivent être guidées par un objectif clair : non pas réduire artificiellement le nombre d’allocataires, mais garantir des solutions réelles et pérennes pour celles et ceux qui en ont besoin. Il est temps d’agir avec responsabilité et humanité.

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